58.

La fin

 

 

J’étais si tendue que j’ai hurlé, mais ma terreur a étouffé mon cri ; il ne s’est échappé de ma gorge qu’un petit couinement de souris.

— Oh pardon ! (Le bras de Jared s’est refermé autour de mes épaules, pour me réconforter.) Mille excuses ! Je ne voulais pas te faire peur.

— Que fais-tu ici ? ai-je bredouillé.

— Je te suivais. Je t’ai suivie toute la nuit.

— C’est bien. Maintenant arrête.

J’ai senti une hésitation et son bras n’a pas bougé. Je me suis dégagée ; mais il m’a rattrapée par le poignet. Sa prise était ferme ; je ne pourrais pas me libérer facilement.

— Tu vas voir Doc ? (Il n’y avait aucune ambiguïté dans sa question ; à son ton, il savait que je n’allais pas rendre au médecin une visite de courtoisie.)

— Évidemment ! ai-je persiflé pour ne pas qu’il perçoive la panique dans ma voix. Que pourrais-je faire d’autre après une journée pareille ? Cela ne va pas s’arranger. Et ce n’est pas à Jeb de prendre la décision.

— Je sais. Je suis de ton côté.

J’ai été agacée de voir que ces paroles me blessaient et me faisaient monter les larmes aux yeux. J’ai tenté de penser à Ian – mon ancre, mon roc, comme Kyle l’avait été pour Soleil – mais c’était difficile avec le contact de sa main sur moi, avec son odeur qui s’insinuait dans mes narines. Autant tenter d’écouter un violon dans un groupe de percussions !

— Lâche-moi, Jared. Va-t’en. Je veux être seule. (Les mots sont sortis vifs et tranchants comme des pierres. Sincères.)

— Je voudrais venir avec toi.

— Tu auras bientôt Melanie ! ai-je répliqué. Encore quelques minutes de patience, Jared. C’est trop te demander ?

Il y a eu un autre silence ; sa main ne s’est pas desserrée.

— Gaby, je voudrais venir… pour être avec toi.

Mes larmes ont coulé. Heureusement qu’on était dans le noir !

— Tu ne peux pas, ai-je soufflé. Alors à quoi bon ?

Bien sûr, Jared ne pourrait être présent. Je ne pouvais avoir confiance qu’en Doc. Il m’avait donné sa parole. Et je ne quittais pas cette planète. Je n’allais pas vivre parmi les Dauphins ou les Fleurs, à pleurer la perte de ceux que j’aimais et qui seraient tous redevenus poussière quand j’ouvrirais les yeux, si tant est que j’eusse des yeux dans ma nouvelle espèce. C’était ma planète, ici, et personne ne me forcerait à la quitter ! Je resterais dans le sable du désert, dans cette grotte obscure avec mes amis. Une sépulture humaine pour l’humaine que j’étais devenue.

— Mais Gaby, je… Il y a tant de choses que je veux te dire…

— La dernière chose dont j’aie besoin, c’est de ta gratitude, Jared. Tu peux me croire !

— De quoi as-tu besoin ? a-t-il murmuré. Je suis prêt à te donner tout ce que tu veux.

— Prends soin de ma famille. Ne laisse pas les autres les tuer.

— Bien sûr que je vais veiller sur eux. (Il a balayé d’un geste ma requête.) Je parle de toi. Qu’est-ce que je peux te donner, à toi ?

— Je ne peux rien emporter avec moi, Jared.

— Pas même un souvenir ? Que veux-tu ?

J’ai essuyé mes larmes, mais d’autres ont aussitôt pris la place des précédentes. Non. Je n’avais pas même droit à un souvenir.

— Qu’est-ce que je peux te donner, Gaby ? insistait-il.

J’ai pris une grande inspiration et me suis efforcée de ne pas trembler en parlant.

— Donne-moi un mensonge, Jared. Dis-moi que tu veux que je reste.

Il n’a eu aucune hésitation, cette fois. Ses bras se sont refermés autour de moi dans le noir, m’ont serrée contre sa poitrine. Il a pressé ses lèvres sur mon front ; j’ai senti son souffle dans mes cheveux avant qu’il ne parle.

Melanie retenait son souffle. Elle faisait son possible pour disparaître à nouveau, me rendre ma liberté pour mes derniers instants. Peut-être avait-elle peur d’entendre ces mensonges. Elle n’en voulait pas dans sa mémoire quand je serais partie.

— Reste ici, Gaby. Avec nous. Avec moi. Je ne veux pas que tu t’en ailles. S’il te plaît. Je ne peux me faire à l’idée de te perdre. Impossible. Je ne sais pas comment je… comment je… (Sa voix s’est éteinte.)

C’était un très bon menteur. Et il devait être bien sûr de moi pour oser me dire ces mots.

Je suis restée contre lui un moment, mais je sentais le temps s’enfuir. Vite. Vite.

— Merci, ai-je murmuré en essayant de m’extraire de ses bras.

Mais il a resserré son étreinte.

— Je n’ai pas terminé.

Nos visages étaient à quelques centimètres l’un de l’autre. Il s’est approché encore, et même à cet instant, alors que ma fin était imminente, je n’ai pu résister à son appel. La torchère s’est embrasée de nouveau. L’explosion eut lieu encore une fois.

Mais c’était différent cette fois. C’était cette fois pour moi. C’est mon nom qu’il a soufflé quand il m’a plaquée contre lui – et cette fois, c’est mon corps qu’il tenait dans ses mains, mon corps à moi. La différence était frappante. Pendant un moment, il n’y avait plus que nous deux, juste Vagabonde et Jared, tous les deux brûlants de désir.

Jamais personne n’avait mieux menti que Jared pour ces dernières minutes de ma vie. Avec son corps, il était un illusionniste hors pair. Et c’était le plus beau cadeau qu’il pouvait m’offrir. Je ne pourrais emmener avec moi ce souvenir délicieux, car je n’allais nulle part. Mais il allégeait un peu la douleur du départ. Je croyais à son mensonge. Je pouvais croire que j’allais lui manquer, que mon absence allait lui voler un peu de sa joie. Je ne voulais pas qu’il soit malheureux, mais cela faisait tant de bien de savoir que je comptais autant…

Pourtant, je ne pouvais ignorer le temps qui filait, les secondes qui égrenaient le compte à rebours… Malgré mon corps en feu, je les sentais me presser, me pousser à aller au bout de ce couloir obscur, m’arracher à ce cocon chaud et douillet.

Je suis parvenue à me séparer de ses lèvres. On est restés haletants dans l’obscurité, nos souffles courant mutuellement sur nos visages.

— Merci, ai-je répété.

— Attends…

— Je ne peux pas. Je n’aurai pas la force d’en supporter davantage. Tu comprends ?

— Oui.

— Une dernière chose. Laisse-moi faire ça toute seule. Je t’en prie.

— Si c’est vraiment ce que tu veux. (Il n’a pas été plus loin.)

— Ce n’est pas ce que je veux, mais c’est nécessaire, Jared.

— Alors je vais rester ici. Je ne bouge pas.

— Je vais dire à Doc de venir te chercher quand ce sera fini.

Ses bras étaient toujours autour de moi.

— Tu sais que Ian va vouloir me faire la peau parce que je t’ai laissée faire. Il vaudrait peut-être mieux le prévenir… Et Jamie… Il ne va jamais nous pardonner…

— Je ne peux penser à eux pour l’instant. Je t’en prie. Laisse-moi y aller.

Lentement, avec une réticence palpable, qui a réchauffé la pierre glacée qui pesait dans mon ventre, Jared a écarté les bras.

— Je t’aime, Gaby.

J’ai soupiré.

— Merci, Jared. Tu sais combien je t’aime. De tout mon cœur.

Le cœur et l’âme. Ce n’était pas la même chose, dans mon cas. J’avais été trop longtemps coupée en deux. Il était temps de se retrouver, de redevenir un. Même si cela signifiait ma fin.

Chaque seconde qui s’écoulait me tirait un peu plus fort vers le bout du tunnel. Il faisait froid quand ses bras se sont séparés de moi. Encore plus froid à chaque pas qui m’éloignait de lui.

Un effet de mon imagination, bien sûr. C’était toujours l’été. Ce serait toujours l’été, ici, pour moi.

— Que se passe-t-il ici quand il pleut, Jared ? ai-je murmuré. Où dorment les gens ?

Il lui a fallu un moment pour me répondre ; j’ai entendu, dans mon dos, sa voix chargée de sanglots.

— On s’installe tous sur le terrain de sport. On dort tous ensemble.

J’ai hoché la tête. Quelle était l’ambiance dans cet espace confiné ? Tendue, à cause des conflits de caractères ? Amusante, comme une soirée pyjama ?

— Pourquoi cette question ? a-t-il murmuré.

— Je voulais juste… me représenter la scène. Comment ça se passait. (La vie et l’amour continueraient. Même si ce serait sans moi, cette pensée me procurait de la joie.) Au revoir, Jared. Mel te dit à tout de suite.

Menteuse !

— Gaby… attends…

J’ai pressé le pas. Je ne voulais pas, avec ses beaux mensonges, qu’il me convainque de rester. Mais il n’y avait que le silence derrière moi.

Son chagrin m’était moins douloureux que celui de Ian. La peine de Jared serait rapidement effacée. Il serait bientôt transporté de joie. Pour lui, c’était le happy end.

J’approchais de la fin du tunnel. J’ai aperçu la lueur de la lampe d’opération ; Doc m’attendait.

Je suis entrée dans cette pièce qui m’avait toujours effrayée, le buste droit, les épaules relevées. Doc avait tout préparé. Dans un coin sombre, deux lits étaient accolés ; Kyle y dormait, un bras passé autour du corps inerte de Jodi, l’autre autour de la cryocuve de Soleil. Ça aussi, elle aurait apprécié. Mais je n’avais aucun moyen de le lui dire.

— Bonjour Doc, ai-je murmuré.

Il a relevé les yeux de la table où il installait les médicaments. Ses larmes roulaient déjà sur ses joues.

Et soudain, je me suis sentie pleine de détermination. Mon cœur a ralenti, ma respiration s’est détendue, a retrouvé son amplitude. Le plus dur était derrière moi.

Je l’avais déjà fait. De nombreuses fois. J’avais fermé mes yeux et plongé dans un trou noir. En sachant, certes, que de nouveaux yeux s’ouvriraient pour moi. Mais quand même, c’était une expérience familière. Pas de quoi avoir peur.

Je me suis approchée et me suis assise sur la table d’opération. J’ai tendu le bras pour attraper, d’une main assurée, le Stop Douleur. J’ai dévissé le couvercle. J’ai placé une pastille sur ma langue et je l’ai laissée fondre. Aucun changement. Je n’avais pas mal de toute façon. Pas physiquement.

— Je voudrais savoir quelque chose, Doc. Quel est ton vrai nom ?

Je voulais lever tous les petits mystères avant de partir.

Doc a reniflé et s’est essuyé les yeux du revers de la main.

— Eustache. Je sais, mes parents ne m’ont pas gâté…

— Jared attend dans le couloir, ai-je dit. Je lui ai promis que tu le préviendrais quand ce serait fini. Mais attends que… que je ne bouge plus, d’accord ? Il sera alors trop tard pour tenter quoi que ce soit.

— Je ne veux pas faire ça, Gaby.

— Je sais. J’apprécie, Doc. Mais tu me l’as promis.

— S’il te plaît.

— Non. Tu dois tenir ta parole. J’ai rempli ma part du marché, non ?

— Certes.

— Alors remplis la tienne. Et laisse-moi reposer à côté de Walt et de Wes.

Son visage maigre s’est contracté pour réprimer une nouvelle montée de larmes.

— Tu vas souffrir ?

— Non, Doc, ai-je menti. Je ne vais rien sentir.

J’attendais la bouffée d’euphorie, que le Stop Douleur rende tout beau et lumineux autour de moi. Mais je ne sentais toujours aucune différence. Ce n’était peut-être pas l’effet de l’antalgique, l’autre fois, mais l’amour, le miracle de se savoir aimée.

Je me suis étendue sur le ventre et j’ai tourné la tête vers Doc.

— Envoie-moi dans les bras de Morphée, Doc.

Il a ouvert le flacon. Je l’ai entendu verser le liquide sur une gaze.

— Tu es l’être le plus noble, le plus parfait qu’il m’ait été donné de rencontrer. L’univers sera nu sans toi, a-t-il déclaré.

C’étaient ses mots sur ma tombe, mon épitaphe, et j’étais heureuse de les entendre de mon vivant.

Merci Gaby. Ma sœur. Je ne t’oublierai jamais.

Sois heureuse, Mel. Savoure chaque instant. Fais-le pour moi.

Promis.

Au revoir, avons-nous soufflé simultanément.

Doc a pressé la gaze sur mon visage. J’ai inspiré profondément, malgré le picotement désagréable. Au moment où je prenais une nouvelle inspiration, j’ai vu encore les trois étoiles. Elles ne m’appelaient pas ; elles me laissaient partir, me rendaient à l’univers glacé où j’avais vagabondé durant tant de vies. Je m’enfonçais dans le trou noir, et il devenait de plus en plus brillant. Il n’était plus noir du tout… mais bleu. Chaud, vibrant, le bleu chatoyant de la mer… Je m’y laissais emporter, apaisée, sans la moindre peur.

Les ames vagabondes
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